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dimanche 23 novembre 2014

La Comédie de Béthune : seul théâtre paritaire en France !

La Comédie de Béthune, un Centre Dramatique National, dirigé par une femme, et paritaire ! On dit OUI !

Article de La voix du Nord : Lien direct


Cécile Backès est non seulement la nouvelle directrice de la Comédie de Béthune, qui signe depuis la rentrée sa première programmation, mais elle est aussi à la tête de la structure théâtrale en France qui affiche la parité. Le moitié des spectacles programmés sont écrits ou mis en scène par des femmes.
Seule la Comédie de Béthune atteint la parité. La moitié des spectacles programmés cette année sont écrits ou mis en scène par des femmes. On peut carrément parler d’exception française. C’est le seul lieu sur les 70 étudiés par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) qui a mené une enquête auprès des principaux théâtres, festivals et maisons d’opéra français.
Sur les 48 collaborations à l’affiche cette saison, 25 sont à mettre à l’actif de femmes. Pour rentrer dans le détail, 15 metteurs en scène et 10 auteurs, tous féminins évidemment ! Soit 52 %. Très au-dessus du lot si on compare à d’autres structures, que ce soit à Paris ou en régions. À la Comédie-française, dix femmes sont programmées sur 51 spectacles ; au Théâtre national de Chaillot, 12 sur 37 ; au Théâtre du Nord à Lille, 15 sur 46. Dans des structures équivalentes à la Comédie, pas mieux. Par exemple, le Centre dramatique national (CDN) d’Orléans programme 25 collaborations dont seules 3 ont des femmes à leur tête. Au CDN de Rouen, 14 femmes programmées sur 77.

« Pas contre l’autre sexe »

« Je ne suis pas une pasionaria, précise Cécile Backès. Je suis simplement connectée avec les enjeux d’une époque, à savoir l’égalité professionnelle. L’épanouissement professionnel des femmes résonne fort ici comme dans d’autres territoires français. »
Cécile Backès aborde le sujet avec beaucoup de sérénité. « Je ne suis pas contre l’autre sexe, Je ne suis pas en guerre. Je n’ai pas rencontré beaucoup d’obstacles dans mon parcours. J’ai compris à un moment qu’il y aurait toujours des hommes qui passeraient devant moi pour la direction des théâtres et ensuite, les choses se sont bien agencées. » Et maintenant, elle en fait profiter ses collègues auteurs et metteurs en scène femmes.
par PAR ELSA LAMBERT-LIGIER



dimanche 9 novembre 2014

Rencontre avec Anne Morel le 2 décembre au Théâtre le Grand Bleu !


(avenue Marx Dormoy à Lille, métro Bois Blanc)
  
 
 
 

 
Cette rencontre permettra d'échanger réflexions et outils autour de l'intégration de l'égalité femmes-hommes dans les contenus des formations culturelles et artistiques. 
 
Ce sera aussi l’occasion de vous présenter « L’étude sur la trajectoire professionnelle des artistes femmes en art dramatique » de Raphaëlle Doyon.
 
Anne Morel présentera les actions de formations mises en place par HF Poitou-Charentes, Rhônes-Alpes et Ile-de-France : de la prise en compte des questions d’égalité dans les entreprises culturelles ou écoles de formation aux métiers des arts et du spectacles, à la nécessité de coaching adapté, en passant par les formation-entrainement d’auto défense du sexisme ordinaire, et des formes artistiques travaillant sur la construction de l’égalité…
 
Si vous êtes : formateurs-rices, artistes-intervenantEs, étudiantEs, responsables pédagogiques, directeurs-trices d'organismes de formation culturelle et artistique, OPCA, syndicats, ou toute personne intéressée par ces questions...
 
La rencontre se terminera par un moment convivial.
 
Anne Morel Comédienne, metteuse en scène et directrice artistique de la Compagnie SANS TITRE production, depuis vingt ans.
Elle est co-fondatrice du collectif HF Poitou-Charentes et membre actif du mouvement interrégional et développe l'axe de formation. Elle utilise des formes artistiques diverses : spectacles, brigades du genre, documentaires... Notamment autour des notions d'égalité femme/homme dans les métiers des arts et de la culture.
En parallèle de sa formation de Comédienne au Conservatoire d'Art Dramatique de Montpellier et de sa formation en Dramaturgie à l'Université de la Sorbonne Nouvelle, elle a reçu une formation de Juriste (5 ans de Droit et Etudes des idées politiques). 

mardi 4 novembre 2014

Le masculin et le féminin par Marie Darrieussecq dans Libération

http://www.liberation.fr/chroniques/2014/10/31/le-masculin-et-le-feminin_1133582

Quand Virginia Woolf essaie de comprendre ce qui pousse tant d’hommes, et si différents, à vouloir écrire et légiférer sur les femmes, elle ne leur trouve qu’un point commun : ils ne sont pas des femmes. Et elle écrit, de son côté, Une chambre à soi. J’ai le bonheur de re-traduire ce joyeux livre, presque cent ans après sa première parution. Bien sûr, quand elle parle de son métier à elle, je traduis par écrivaine. Et par professeure, quand elle évoque telle amie beaucoup moins bien payée que ses collègues masculins. Tout le livre de Woolf est une histoire des femmes et des métiers : ceux qu’elles n’ont pas pu exercer, l’argent qu’elles n’ont pas pu posséder, le pouvoir qu’elles n’ont pas pu exercer. Jusqu’à sa célèbre image : Judith Shakespeare, la sœur très douée de William, massacrée par les conditions de vie faites aux femmes, grossesses non désirées, éducation empêchée, soumission au père ou à l’époux, interdiction de compte en banque, Judith Shakespeare qui se suicide faute de devenir auteure de théâtre et metteuse en scène.
Refuser que le métier s’accorde au féminin, comme 142 députés français le réclament, c’est refuser la libération des femmes, celle qui s’est faite grâce à la contraception et à une conception des droits de l’homme comme droits de l’humain. Quand Julien Aubert, député du Vaucluse, insiste pour appeler «Madame le Président», et non Madame la Présidente, Sandrine Mazetier, vice-présidente de l’Assemblée nationale, il sait qu’il fait de la provoc. Il insiste. Elle le sanctionne.
Fonçant à la rescousse de leur collègue face à cet «intolérable abus de pouvoir», ces 142 députés, tous de droite, dont 16 femmes ayant parfaitement introjecté la position masculine, ont signé un appel lancé par Henri Guaino. L’auteur du Discours de Dakar pond ici une version anti-femme du même laïus : c’était déjà un politicien blanc expliquant à des intellectuels noirs ce qu’est «l’homme africain», c’est maintenant un spécialiste ès femmes qui raconte n’importe quoi sur l’histoire de la langue française.
Selon cette pétition, parue dans le Figaro le 9 octobre, la féminisation des mots de la langue nous amènerait «aux portes du totalitarisme», et la vice-présidente porterait «la lourde responsabilité d’un climat d’affrontement et de tensions qui ne peut qu’affaiblir l’autorité du Parlement au milieu des épreuves et des difficultés que traverse notre pays». La pétition reprend l’avis, modéré depuis, de l’Académie française : «En français, "la présidente" désigne la femme du président ; "le président" comme "le juge", "le préfet", "le professeur", "le commissaire", "le ministre" expriment en français non la masculinité de la fonction mais sa neutralité par rapport au genre.»
Or, le neutre n’existe pas en français (ce qui n’est pas le cas dans d’autres langues, comme l’anglais avec son it). Le véritable neutre en français serait, comme dans la novlangue orwellienne, donner du «camarade» à tout le monde. Les 142 députés font preuve d’une ignorance crasse, puisque grammairiens, linguistes et historiens expliquent à l’unisson qu’il y a toujours eu des noms de métier au féminin. Eliane Viennot relève au Moyen Age «les heaumièresbrasseusesféronnesmaréchalesmairessesportièresprévôtes… répertoriées sur les listes de contribuables. Et l’on trouve des seigneures, des possesseures, des emperières… dans les documents notariés ou les chroniques. Il y avait encore quelques jugesses en Bretagne. Et des officières dans tous les couvents de femmes.» La même Eliane Viennot faisait remarquer dans Libération (1) qu’à suivre l’entêtement masculiniste des 142 députés, il faudrait donner du «Madame le Roi» à la reine d’Angleterre.
C’est depuis la fin du XVIIe siècle que «le masculin l’emporte sur le féminin», règle de grammaire qui est un programme en soi. Et qui donne des phrases du genre : «Le garçon et les dix millions de filles sont contents.» Rappelons que l’accord s’est longtemps fait selon la proximité. En 1691 encore, Racine accordait au féminin, dans Athalie : «Ces trois jours et ces trois nuits entières.»
Mon autre langue maternelle, le basque, n’a pas de genre. Qu’on ne vienne pas me neutraliser avec un masculin qui se prétend universel. On peut penser le monde sans faire tourner toutes les phrases autour d’un des deux sexes.
Une mission, aujourd’hui, de l’Académie française, pourrait être d’unifier le féminin des noms de métiers : on dit chercheuse, mais on entend aussi bien professeure que professeuse (surtout au Québec) : que choisir, entre «euse» ou «eure» ? Faut-il dire recteure ou rectrice ? Je suis certes écrivaine, mais suis-je auteure ou autrice ? C’est là qu’il faudrait réfléchir et unifier, au lieu de s’évertuer à gommer le féminin de l’espace public.
(1) Du 24 octobre.
Cette chronique est assurée en alternance par Christine Angot, Thomas Clerc, Marie Darrieussecq et Olivier Adam.
Marie DARRIEUSSECQ