RENCONTRE
CROISÉE COLLECTIF JEUNE PUBLIC – COLLECTIF H/F
Mardi
03 avril 2012 après-midi à l'Hippodrome de Douai
16h30
– Table ronde 2
La
création jeune public : reproduction des modèles Homme/Femme
ou dépassement des genres ?
Problématique :
Si l'on considère que nous portons collectivement une responsabilité
dans les modèles que nous véhiculons, observe-t-on un discours
novateur sur la question des genres ?
Avec :
Véronique Cochard (Collectif Régional pour l'Information et la
Formation des Femmes - CORIF), Karin Serres (auteure), et Geneviève
Lefaure (Présidente de Scènes d'Enfance).
Débat
animé par Cyrille Planson, rédacteur en chef du magazine « La
Scène ».
Introduction
de Cyrille Planson :
Ce
débat servira davantage à se poser la question du processus de
création jeune public, de l'écriture et de l’éventuel
reproduction des modèles H/F et du dépassement des genres dans la
production théâtrale jeune public.
Ces
modèles et archétypes sociaux, moraux sont-ils reproduits dans la
création jeune public ?
Que
se passe-t-il en France mais aussi à l'étranger ?
Spontanément,
on pense tout d'abord à toutes ces formes de contes traditionnels
qui constituent le socle des projets jeune public. Combien de
« Petits chaperons rouges », combien de « Petits
Poucets » ont été produits ? Ont-ils proposé une autre
lecture et un autre agencement des rapports h/f et des personnages
masculins et féminins ? Où en sommes-nous dans la reproduction
de ces archétypes ?
Trois
intervenantes Véronique Cochart pour le CORIF, Geneviève Lefaure,
Présidente de Scènes d'enfance et d'ailleurs, responsable de
diffusion dans des lieux tels que l'Espace 600 à Grenoble, Karine
Serres, auteure, metteur en scène et scénographe vont tenter de
répondre à ces questions pendant cette rencontre.
Intervention
de Véronique Cochard a présenté l'association du
CORIF (Collectif Régional pour l'Information
et la Formation des femmes).
Cette
association a pour objectif de promouvoir l'égalité professionnelle
entre les hommes et les femmes dans la région Nord Pas De Calais.
Le
CORIF travaille beaucoup sur des programmes européens afin de
permettre aux femmes d'accéder à tous les emplois .
Comment ?
En accompagnant les entreprises et en intervenant aussi dans les
établissements scolaires. Un des objectifs est de faire évoluer
l'ambition des jeunes filles et élargir leurs choix professionnels.
Cela
nous a amené à réfléchir sur tous les stéréotypes de sexes et à
proposer un certain nombre de projets.
Un
projet vient de se terminer et a duré 2 ans: C'est un programme
européen en collaboration avec 5 pays : France, Belgique,
Italie, Allemagne et Suède.
Le
travail s'est concentré autour de la littérature de jeunesse.
L'idée
de départ était de savoir comment outiller les professionnels en
charge de l'éducation .
A
priori, la cible était les personnes les moins formées (les
animateurs de centres de loisirs, les assistantes maternelles) :
réfléchir aux stéréotypes de sexes véhiculés dans la
littérature de jeunesse et se poser les bonnes questions.
On
s'est penché sur des études qui ont déjà été faites, notamment
par Sylvie Cromer, sociologue, qui s'interroge depuis plusieurs
années sur les stéréotypes h/f véhiculés dans la littérature.
Voici
des exemples flagrants :
Que
voient les enfants quand on leur montre un ours avec un tablier ?
A 80%, les enfants voient une maman ours. Parce que les mères font
beaucoup la cuisine . C'est donc forcement un personnage
féminin.
Le
tablier est primordial et les enfants ne s'y trompent pas.
Autre
exemple : Un ours assis dans un fauteuil en train de lire le
journal sera forcément un papa ours, car une maman ours n'a pas le
temps de lire le journal et doit forcement faire le ménage …
Une petite fille a même mentionné que si on voulait que ce soit une
maman, il faudrait mettre le journal à plat sur la table et elle
serait en train d'éplucher les patates !
Cette
étude date un peu et nous pourrions penser que cela a changé :
En
se penchant sur une collection plus récente actuellement en vente
dans les librairies : la collection Fleurus qui s'appelle
« Petite fille-petit garçon ». Cette collection décline
des albums pour les filles et les garçons. Les filles « jouent »
alors que les garçons « possèdent » une machine pour se
déplacer (tractopelle, bus..).
L'utilisation
des adjectifs « forts » et « costauds » est
récurrente pour qualifier les garçons.
Les
petites filles sont forcement derrière les garçons et se promènent
en étant « protégées » par les garçons.
Il
faut remarquer l'air admiratif et béat des petites filles...
La
collection des filles : infirmière (jamais docteur .. ) :
c'est aussi ça l'ambition des filles.
Le
scènes se situent beaucoup à l'intérieur, dans un décors chargé.
Les petites filles sont souvent seules (comparées aux garçons) et
avec des nounours. Titre évocateur : « Chloé joue à
faire le ménage », car elle adore faire le ménage entourée
de petites chattes avec des nœuds roses. Lorsqu'un garçon
intervient, c'est quand même souvent pour demander les filles en
mariage.
Tout
y est !
La
collection « Super héros » et « Rêves de
princesses » : une petite fille rêve de se marier,
mentionnant que ce n'est qu'un rêve ! Si la lectrice veut être
une vrai princesse, il faut qu'elle colle sa photo sur le livre.
En
étudiant les ambitions des jeunes filles dans les collèges, on
retrouve des jeunes filles qui souhaitent avant tout se marier.
L'orientation passe alors souvent au second plan.
Les
gens sont très surpris d'entendre ce genre de propos encore
aujourd'hui. Pourtant, il faut être conscient que c'est encore
beaucoup le cas. Beaucoup attendent le prince charmant.
Sur
des albums encore plus récents, on trouve des exemples très
caricaturaux :
Par
exemple ce conte très moderne, très bien illustré « Aglaë
et Désiré » :
Désiré
habite une maison sale, ses chaussettes sont trouées, ses tapis
abimés. Aglaê prend finalement complétement en charge Désiré et
lave, repasse, rapièce, mitonne.
Ces
albums nous obligent à avoir sans cesse une vigilance sur ce qui
ressort comme stéréotypes.
La
suprématie du masculin sur le féminin. Les personnages masculins
sont toujours plus présents et nombreux que les personnages
féminins. Dés lors qu'un personnage n'a pas de nœuds dans les
cheveux ou de robe, on décide qu'il s'agit forcement d'un personnage
masculin. On appelle ça le « masculin neutre ». Ce
déséquilibre doit nous ré-interroger .
Beaucoup
d'albums proposent d'autres modèles et montrent une autre image des
hommes et des femmes.
Notre
propos est de dire qu'on enferment les garçons et les filles dans
des stéréotypes de sexes qui inhibent forcement le potentiel des
deux sexes.
Il
reste à spécifier que les stéréotypes de sexes enferment les
filles comme les hommes dans des rôles très marqués qui limitent
leurs potentiels.
L'image
de la petite fille modèle et du super héros ne sont pas toujours
faciles à porter.
Les
modèles des garçons sont aussi contraignants que les modèles des
filles.
Tout
le monde est pénalisé.
D'autres
livres permettent de dépasser ces modèles et de réfléchir
autrement en montrant des filles et des garçons dans des situations
très diversifiées.
Le
CORIF a rédigé un recueil, avec une partie théorique et une partie
d'exercices pratiques, à partir d'ouvrages, pour travailler avec des
adultes et/ou des enfants sur ces questions. On y montre des femmes
qui jouent au foot, des hommes qui cuisinent... Car, la constante
dans les albums jeunesse est de montrer des femmes qui ne travaillent
pas !
Intervention
de Geneviève Lefaure
Elle
s'est beaucoup appuyée lors de cette rencontre sur un colloque
qu'elle a mis en place lorsqu'elle dirigeait l'Espace 600 qui
s'appelait : « Qui sont ces femmes qui sont sur nos
selles ? »
Ce
colloque était né après la publication du rapport de Reine Prat.
Ce colloque était en 2 parties présentant successivement la place
des femmes au niveau des structures et l'image des filles et des
garçons.
Si
nous souhaitons parler d'une évolution, il faut revenir un tout
petit peu en arrière.
A
la veille de la guerre en 39, Léon Chancerel, père du théâtre JP
avait crée une compagnie de théâtre de la jeunesse :
« L'Oncle Sébastien ».
Léon
Chancerel a crée 3 personnages : un oncle et ses deux neveux.
Quid des filles ? On n'en parle pas. Les années soixante et
soixante-dix marquent un grand foisonnement du théâtre JP. Les
héros sont essentiellement des animaux. Il n'y a pas de personnages.
Il va falloir attendre l'arrivée des auteurs/trice pour la jeunesse
il y a 20/30 ans pour enfin parler des personnages filles et garçons.
Par
le personnage, on accède aux représentations de la société.
Geneviève
Lefaure s'est aussi appuyée sur Sylvie Cromer, invitée à ce
colloque à l'Espace 600.
En
reprenant quelques chiffres, elle a notamment analysé non pas les
spectacles, mais la communication sur les spectacles à la demande de
l'ONDA. L'Espace 600 y a participé. Nous avons été un petit groupe
à travailler sur des plaquettes de saisons.
L'étude
a été faite sur 729 spectacles pour le JP. Le titre, le résumé,
l'examen individuel de 4 personnage par spectacle ont été étudiés.
On
a pu construire le personnage à partir de ses caractéristiques
sexuelles, son âge, ses qualités, son rôle, son statut et ses les
actions établis dans une société fictive qu'est le théâtre.
Quelles
représentations du masculin et du féminin sont représentées dans
ces plaquettes ?
La
constatation première est que le masculin et le féminin ne sont pas
sur un pied d'égalité ni numérique, ni qualitatif.
Sur
906 personnages répertoriés, 60% sont masculins et 40% sont
féminins.
73%
sont adultes et 27% sont des enfants.
Le
personnage de prédilection est l'adulte masculin mais il n'y a pas
de stéréotypes flagrants.
En
revanche, le théâtre JP reste, du moins dans sa communication,
porteur de sa résistance à l'égalité.
La
question est presque décalée puisqu'aujourd'hui dans la littérature
et particulièrement dans le théâtre contemporain, on est plus dans
la deconstruction, dans la notion de personnage. D'ailleurs, on voit
souvent apparaître le mot « enfant », comme personnage
neutre et universel. Mais l'image correspond à celle d'un garçon,
s'il doit s'agir d'une fille il va falloir le spécifier, on va dire
« une ».
Nathalie
Papin écrit : « Les personnages n'ont d'abord pas de nom,
mais c'est en parlant qu'ils vont devenir garçon ou fille ».
On
a hérité d'un certain nombre de modèles qui restent omniprésents
tels que Antigone, Electre, Iphigénie, Ophélie, Juliette qui
étaient de très jeunes filles, à l'aube de leur vie d'adulte.
Ces
personnages, incarnent la fragilité et la force qui vont en faire
des figures exemplaires. C'est surtout dans la relation à la mort
qu'elles le sont d'ailleurs. Elles sont fortes, mais elles sont
victimes dans les contes.
Dans
les contes, ces personnages étaient écrits pour préparer les
jeunes filles aux changements de leur vie, pour devenir des femmes.
Aujourd'hui,
qui sont ces personnages bien déterminés à être des filles ?
Dans
le spectacle de « Cendrillon » de Joël Pommerat, on
entend la belle mère dire : « On ne dirait pas comme ça,
mais elle sait ce qu'elle veut cette gamine ».
C'est
un définition très forte de la jeune fille d'aujourd'hui !
Ces
filles d'aujourd'hui sont des filles qui se battent, déjà
physiquement. Dans certains textes de Sylvain Levey, dans « Alice
pour le moment », le personnage de Florence va se battre contre
un jeune pour défendre sa copine.
Les
trois personnages de femmes sont forts et on a d'ailleurs très envie
de reprendre le titre « Trois femmes puissantes » de
Marie Ndiaye.
Ces
jeunes filles vont mener les relations amoureuses.
Exemple
de « Alice pour le moment » de Sylvain Levey,
lorsqu'Alice et Gabin sont ensemble. Gabin dit « On
s'embrasse ». Alice répond : « Pas encore ».
Gabin répond : « Pas de problème, c'est la fille
qui décide ».
Ces
jeunes filles ne sont pas à l'abri, ne sont pas protégées, mais
souhaitent avant tout explorer les cimes de la vie et la dévorer.
Elles sont dans une société où elles peuvent être malmenées par
leur milieu social. Remuer le monde est leur devise.
Nathalie
Papin mentionne que, dans ces textes, les jeunes filles sont plus
seules que les garçons et n'ont pas d'emblée quelqu'un qui les
aide. Ces filles se construisent souvent seules.
Il
est aussi intéressant de voir les relations que les filles
entretiennent avec leur mère.
Traditionnellement
les personnages de filles dans les contes sont orphelines
(Cendrillon). Aujourd'hui, l'image de la mère est plus présente, la
fille est celle qui porte et qui doit supporter sa mère. Ce n'est
plus une petite fille car elle est obligée de se tenir droite très
rapidement.
Ces
filles sont quelque part condamnées à être fortes et
exceptionnelles. Elles ne peuvent plus être banales.
Du
côté de l'intention de l'auteur/autrice, je pense à une pièce de
Carole Thibaut : « Les petites empêchées ». Il y a
un parti pris d'emblée de Carole Thibaut qui affirme dans sa note
d'intention du spectacle que « le féminin est avant tout le
désir d'une société et si il se poursuit dans des imageries je
vais tenter d'interroger ce désir à travers les représentations de
l'idéal féminin dans l'univers enfantin ».
Il
y a aussi le parti-pris que le personnage masculin devienne un
personnage féminin : chez Claudine Galéa, le « Petit
Poucet » devient « Petite Poucet ».
Christophe
Honoré qui dans l'avant-propos des « Débutantes »
mentionne des jeunes filles dérangeantes par leur liberté de faire.
Intervention
de Karine Serres
Sa
réflexion sur la parité date du rapport de Reine Prat. Son
engagement dans le collectif H/F en découle. Il se manifeste non
seulement dans sa promotion tenace du terme « autrice »
et de la parité grammaticale dans les textes théoriques, mais aussi
par la volonté d'écrire beaucoup de rôles féminins ( Marguerite
reine des prés, la barque de Gypses, Isoline Solilque, Le deux
sœurs...).
Elle
a souhaité surtout se poser la question de sa responsabilité en
tant qu'auteure sur les modèles H/F.
Consciente
qu'il n'y a pas de certitudes, son engagement a soulevé chez elle
des questionnements sur les stéréotypes tels que le sexe des
personnages, les différentes cultures et clichés, la mixité des
distributions dans une œuvre littéraire, les possibilités de la
langue, le rapport du sexe de l'auteure et le sexe des ses
personnages .
Le
sexe et les personnages :
En
tant qu'auteur(e)s, sommes-nous inconsciemment formaté(e)s ?
Quel est le lien entre l'histoire qui arrive et les personnages qui
permettent de la raconter. Le sexe des personnages se détermine au
fur et à mesure sans que l'on puisse avoir une prise directe sur son
inconscient. Parfois, elle s'est rendue compte qu'elle pouvait écrire
des rôles non sexués. En effet, certaines de mes pièces qui se
trouvent dans des univers imaginaires peuvent être jouées par de
femmes ou des hommes.
Ça
rejoint une question de fond dans le théâtre : qui va intépreter
les rôles ? Souvent, ce sont des femmes qui jouent les rôles
d'enfants. Pourquoi ? Cela restreint forcement les rôles des
comédiennes alors qu'il est très souhaitable d'élargir les modes
de représentation dans la formation des comédiens. Il pourrait y
avoir plus d'hommes qui jouent des enfants.
Qu'est-ce
que c'est de représenter un enfant ? Le rôle du metteur en
scène est aussi important que celui de l'écrivain. Claire Rengade
dans le texte « A chaque étage on voit la mer » a écrit
deux rôles d'enfants, dans lesquels il est impossible de savoir si
les personnages sont des filles ou des garçons.
Une
auteure suédoise, Maddy Axelsson, a écrit un texte sur les
métamorphoses qui peut être joué aussi bien par un homme que par
une femme.
Élargir
le champ littéraire et le champ des représentations est un exercice
difficile qui doit être encouragé.
Autres
cultures, autres clichés ?
Chaque
culture véhicule des clichés sur le genre h/f. J'ai la chance de
beaucoup travailler avec la Suède chez qui les clichés H/Fsont
totalement opposés aux nôtres dans la littérature jeunesse.
Leur
cliché est plutôt basé sur : filles fortes, garçons
sensibles.
Nous
pouvons donner l'exemple de l'album : « Pippi Lanstump »,
sorte de « Fifi Brindacier » suédois d'Astrid Lindgren :
le personnage principal fume la pipe, vit seule et porte un cheval
sur le dos.
Cet
album a été très censuré en France.
Il
y a des rôles très surprenants pour nous. Les garçons sont
représentés dans la littérature suédoise comme solitaires, ce qui
nous touche beaucoup, tant le contraste avec les personnages
masculins dans la littérature française est fort.
On
peut noter : l'exemple de « Mardi ou Morty est Mort »
de R. Lindberg, le personnage de Johan dans « Lettre anonyme »
de E. Uddenberg.
Les
clichés des autres peuvent finalement devenir touchant pour nous.
En
Angleterre, l'exemple du livre « L'ombre d'un garçon »
de G. Owwen est assez surprenant sur ce que l'auteur peut
s'autoriser. Il réussit à montrer un personnage de fille méchante
à l'égard d'un garçon.
La
mixité des distributions ?
La
mixité comme principe de société : partager des événements
et des émotions en groupes mixtes est une manière de lutter contre
le sexisme séparatiste qui est de retour dans l'éducation et les
divertissements actuels.
« Le
Petit Bois » de Jesper Halle, décrit les relations d'amitiés
fortes qui peuvent se nouer dans un groupe de filles et de garçons.
« Amoureuse »
de Luc Tartar : nous questionne sur qu'est l'amour dans un
groupe mixte ?
Il
est intéressant parfois de mettre en avant des groupes sexués dans
le but de transmettre des choses que nous ignorons. Le texte
d’Isabelle Wrigt dans « Blooded » raconte l'intimité
d'un groupe d'adolescentes dans une cité portuaire qui est
extraordinaire de beauté qui ne pourrait être atteinte si ce groupe
était mixte.
Comment
toutefois ne pas exclure l'autre sexe lorsque les pièces concernent
des problématiques très sexuées ?
« Monstres »
de Pascal Brullemans est un monologue d'une jeune fille pendant la
minute que dure son test de grossesse. Elle imagine tout se qui se
passerait si elle était enceinte ou pas. L'auteur a souhaité
ré-écrire le rôle masculin pour ne pas montrer au public le
désintérêt du personnage masculin face à une possible maternité
de le jeune fille. Sa volonté première a été de ne pas exclure
les hommes de la problématique de la pièce. Il est toujours
important de spécifier à l'autre groupe la place qu'il a dans une
histoire.
Pour
les écritures basées sur le collectage, il est est important de
séparer les deux groupes distincts pour libérer la parole. Cela
n'empêche pas de se retrouver et d'avoir une parole partagée entre
un groupe mixte. On ne parle pas de le même manière lorsqu'on est
entre filles ou entre garçons.
Le
genre est aussi étroitement lié à la langue :
Chaque
langue reflète la culture d'un pays, ses façons de penser, de dire
le monde.
La
France est un pays très sexué : tout se décline.
Il
y a eu des expériences d 'écritures pour ne pas déterminer le
sexe des personnages dans une œuvre. Finalement, la langue
s'appauvrit et prend des tournures qui nous échappent.
Tout
fait sens car il n'y a pas de neutre dans la langue française.
Il
y a d'autres langues dans lesquelles il y a un neutre. Il sert
souvent aux animaux et aux enfants.
En
Suède, le langage est légèrement genré mais on ne décline pas
les adjectifs. Très récemment, une expérience a été faite ,
afin de permettre une éducation non genrée. Un troisième pronom a
été inventé, mélange du « il » et du « elle ».
Lorsqu'il est utilisé, on ne sait pas si c'est un garçon ou une
fille. Cette expérience a été faite dans une crèche et les
responsables souhaitaient remplacer tous les pronoms personnels par
ce nouveau pronom .
Beaucoup
d'auteurs ont réagi violemment et ont souhaité inventer plusieurs
autres pronoms pour exprimer leur mécontentement et prouver que la
diversité est au contraire source de richesse.
Le
rapport des auteur(e)s avec le sexe de leurs personnages :
Depuis
quelques années, une question est apparue dans les discussions avec
les enfants et les jeunes dans la fiction : comment pouvez-vous
écrire des rôles de garçons ?
Cette
question est directement liée au sens du mot fiction : on
écrirait forcement des choses liées à notre histoire personnelle
et la question du genre relève aussi de ça.
La
pièce « Alice pour le moment » de S.Levey est
directement liée à cette problématique. Il s'agit d'un rôle de
fille magnifique écrit par un garçon.
Lorsque
j'ai écrit le personnage de Ludovic dans « Mongol », je
ne me suis pas posée la question de mon identité. La fiction est un
endroit ou il n'y a pas de clichés. Les personnages ne sont pas des
figures représentatives d'un genre ou d'un style, mais des êtres
humains uniques.
Défendre
la fiction, c'est défendre la liberté de création et défendre
aussi la liberté d'identification.
La
fiction naît du réel, mais doit servir à élargir les possibilités
de diversifier les schémas et d'ouvrir la discussion.
Le
genre artistique ne doit pas être instrumentalisé, même pour cette
cause juste qu'est la parité.
Le
théâtre représente le monde à travers la fiction.
Au
théâtre, tout fait sens : pas seulement le sexe des
personnages, mais aussi la composition des familles, l’environnement,
les actions...
Le
genre est une richesse qui renforce la complexité de l'être humain
et sa diversité.
Il
ne doit pas être une limitation ni le seul critère de définition.
Conclusion
de Cyrille Planson
Fin
de la table ronde.
Rédigé
par Elisabeth Duprey le 04/04/2012
Relu
Marie Levavasseur
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