mardi 10 novembre 2015
dimanche 7 juin 2015
Retour sur notre dernière rencontre de l'année.
HF était au Méliès le 28 mai pour une rencontre avec Sonia Jossifort, d'HF Ile-de-France sur les femmes et leurs images au cinéma suivi d'une projection du film Le deuxième cinéma de Jonathan Broda.
La soirée était précédée par notre Assemblée Générale Ordinaire où notre CA en collège a été réélu.
mercredi 3 juin 2015
Le mot “autrice“ vous choque-t-il ?
S’il vous est arrivé de pousser un cri d’horreur en entendant le mot autrice(pour auteure) et de pester contre cette sale manie qu’ont adopté les Présidents de dire, en préambule de leurs discours, «Français, Françaises», lisez ce qui suit.
Pourquoi le mot queue est-il féminin et le mot vagin masculin ? C’est l’arbitraire de la langue. Au XVIIe siècle, des puristes décident de faire rentrer les mots de force dans des cases sexuées. Ils veulent faire régner l’ordre. Mieux : puisque la nature, disent-ils, pose la supériorité du mâle sur la femelle, ils décident que certains mots –qui jusqu’ici se conjuguaient au féminin– resteront l’apanage exclusif du sexe fort. C’est le cas par exemple du mot autrice, littéralement éliminé des dictionnaires et des mémoires.
Couramment utilisé au XVIe siècle, le mot autrice vient du latin auctor-auctrix, «matrice naturelle des doublets auteur/autrice et acteur/actrice». Ainsi que l’explique l’historienne Eliane Viennot dans un ouvrage à l’érudition truculente (Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !, aux éditions iXe) seul le mot actrice est resté dans l’usage. Autrice, lui, est devenu la bête noire des puristes. L’Académie française, notamment a tout fait pour qu’il disparaisse. De nos jours encore, –sous couvert de protéger la «pureté» de notre langue (1)– ces «messieurs de l’Académie» ne font qu’entériner des décisions politiques datant du XVIIe siècle.
TOMBER EN QUENOUILLE
Il s’avère en effet que de nombreuses règles de grammaire, de conjugaison et de masculinisation des mots datent d’une époque qui correspond à une crise dynastique : dans les années 1580, «alors que la descendance d’Henri II et de Catherine de Médicis semblait assurée, avec quatre garçons, aucun n’a eu de fils légitime et presque tous sont morts jeunes, voire très jeunes.» Le futur Henri IV mène alors campagne au nom de descendant direct de Saint Louis selon la loi salique. Cette loi d’origine douteuse (une mystification, pour le dire clairement) interdit aux femmes de monter sur le trône. L’argument du peuple français trop glorieux pour que son trône puisse jamais tomber en quenouille (entre les mains d’une femme), fait mouche. Henri IV monte sur le trône.
Sitôt le Bourbon couronné, alors qu’aucune femme ne semble pouvoir relever le gant dans le domaine politique, le combat se déplace de façon insidieuse sur le terrain de l’accès au savoir. Béroalde de Verville écrit ainsi cette année-là : «On dit que si les femmes savaient, elles voudraient commander». Une kyrielle de femmes lettrées prennent alors la parole, publiant de longs textes intitulés «L’égalité des hommes et des femmes» (Marie de Gournay, 1622), «Apologie pour les dames» (Jacqueline de Mirmont, 1602), «Harangue qui s’adresse aux hommes qui veuillent bien défendre la science aux femmes» (Charlotte de Brachart, 1604), etc. C’est précisément l’époque où des auteurs comme Malherbe entendent nettoyer la langue française «de ce que l’on commence à appeler des “impuretés“ », explique Eliane Viennot qui recense avec humour la prolifération de textes visant à «corriger» l’usage des mots, qu’ils masculinisent dès lors que ces mots désignent des choses nobles ou d’esprit. Une épuration presque invisible commence.
FAIRE DISPARAÎTRE LE FÉMININ DES MÉTIERS SAVANTS
«L’urgence de mener ce combat réside moins dans le nouveau retour de femmes au pouvoir qui suit l’assassinat de Henri IV, en 1610, puis la mort de Louis XIII, en 1643, que dans l’installation aux premières loges de l’actualité de deux groupes particulièrement impressionnants : les femmes de la Cour et les femmes de lettres.» En 1630, Marie de Médicis est écartée du pouvoir par le cardinal Richelieu. En 1635, celui-ci créé l’Académie française, «assemblée à laquelle est officiellement confiée la mission de produire un dictionnaire.» Que cette même Académie soit justement celle qui condamne l’usage du mot autrice ne relève pas du hasard, affirme Eliane Viennot qui voit une volonté affirmée d’éliminer les femmes de la langue elle-même dans «le rôle joué par l’État dans un domaine où il n’avait a priori que faire». Elle en donne d’innombrables exemples, tantôt cocasses, tantôt affligeants et souligne d’une plume acérée «la lourde composante sexiste des réformes pensées pour la langue française au XVIIe siècle».
Certains métiers qui, jusqu’ici, étaient déclinés au féminin (2) se voient systématiquement «neutralisés». Alors qu’au XVIe siècle, il existait couramment des mots comme poétesse, philosophesse, médecine, autrice, peintresse, apprentisse, doyenne, emperière, financière, officière, avocate, mareschale, boursière, cordière, fusicienne, feronne, clergesse ou dompteresse, la réforme impose de faire disparaître le féminin de tous les métiers trop savants. Désormais, «il faut dire cette femme est poète, philosophe, médecin, auteur»… Eliane Viennot note avec ironie : «Si philosophesse recule vite, c’est à l’évidence en raison du son fesse que l’on y entend, et que les ennemis de la créature en question ne se privent pas de mettre en évidence. Ses partisans battront donc vite en retraite, mais l’on sera désormais obligé·e d’adjoindre à philosophe le mot femme afin de lever la confusion possible – d’autant que, parallèlement, l’offensive pour dénier aux femmes la capacité d’exercer cette activité va bon train. Une partie des autres mots en esse sera petit à petit entraînée dans ce discrédit, quoiqu’on n’y aperçoive aucune fesse (vainqueresse, capitainesse…). Beaucoup perdureront en revanche longtemps, d’une part dans la langue juridique, où la clarté est nécessaire (demanderesse, défenderesse…), d’autre part dans la langue commune. Pauvresse, poétesse, prophétesse se maintiendront contre vents et marée jusqu’à nos jours.»
Après avoir dénié aux femmes la possibilité de philosopher au féminin, les puristes se donnent pour mission de masculiniser des mots importants, synonymes de force et de puissance, ainsi que tous les mots qui se finissent par des sons «durs» et de féminiser des mots dits «mols », trop alanguis pour être attribués au genre noble. Il s’agit d’établir une stricte distinction et que les Français cessent de «confondre le masculin avec le féminin». Cela semble d’autant plus important que «certains mots paraissent avoir les deux genres, comme horoscope, rencontre, épitaphe, maxime…» Les linguistes du XVIIe siècle cherchent à faire régner, là aussi, «l’ordre du genre», se moque Eliane Viennot dont je me permets de citer ici un morceau de chapitre, véritable régal.
«“Minuit est-il masculin ou féminin ?“, se demande gravement une quinzaine de membres de l’Académie française en 1674, à l’occasion d’une séance de travail consacrée au Dictionnaire. “On l’a fait autrefois féminin et on disait sur la minuit, vers la minuit ; mais maintenant, on le fait masculin: en plein minuit, sur le minuit“.
«Ils légifèrent aussi avec succès sur le mot sphynx, au terme d’une discussion sûrement très amusante : “La question n’a pas été trouvée sans difficulté ; on a apporté entre autres raisons, pour le faire féminin, qu’il était de ce genre-là dans les langues grecque et latine, et que ce monstre avait un visage de femme. Néanmoins, il a passé à la pluralité des voix qu’il était masculin“. Les anciens féminins art, comté, duché, évêché, archevêché, honneur, poison, serpent… subiront, avec d’autres, ce même sort.
«L’effort inverse est également bien représenté. Buffet rapporte la discussion et la décision de savants de son temps (vraisemblablement ceux de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres, fondée en 1663) : “Il fut décidé il y a quelque temps dans une Académie, savoir si comète devait être masculin ou féminin ; il fut arrêté qu’il fallait dire une comète, la comète, contre le mot latin qui la met au masculin“.
«[…] Quelques années plus tard, le père Bouhours : “Tous les gens qui parlent bien disent maintenant une rencontre : Ce n’est point un duel, ce n’est qu’une rencontre. Le féminin a prévalu. […] On ne dit plus de sanglantes reproches, on dit de sanglants reproches“.
«Bien d’autres substantifs deviendront ainsi féminins, après avoir commencé leur carrière au masculin : affaire, cuillère (réorthographié à partir de l’ancien cuiller), date, équivoque, horloge, image, insulte, ombre… Quelques-uns deviendront “bisexuels“, comme amour, oeuvre, qui s’emploient dès le XVIIe siècle tantôt au féminin, tantôt au masculin. Quelques-uns résisteront vaillamment aux offenses qu’on veut leur faire subir. “Erreur est aussi masculin“, note Buffet.
«[…] Y voit-on plus clair au bout du compte ? Non, car l’effort a été insuffisant – ou les résistances trop grandes. Sans parler des mots qui ont changé de sexe en dépit des injonctions et des belles raisons inventées, comme âge ou automne ou caprice, devenus masculins ; ni de ceux qui changent de sexe en changeant de nombre, comme délice et orgue (masculins au singulier, féminins au pluriel) ; ni de ceux qui varient en fonction du contexte linguistique (gens) ; ni de ceux qui subirent des récupérations opportunistes, comme aigle, qui passe au masculin après le Ier Empire, par analogie avec Napoléon qui avait identifié cet animal avec son pouvoir… Il convient donc toujours, semble-t-il, de signaler les fantaisies de la langue française, “aussi fâcheuse à gouverner qu’une femme“. L’auteur anonyme des Fautes de langage corrigées écrit ainsi en 1829 : “Il n’est peut-être pas hors de propos de faire remarquer que busc, ciseaux, centime, décime, épisode, épiderme, incendie, indice, simple […] sont masculins ; qu’absinthe, armoire, glue, offre, nacre, sont féminins“.
«Il n’est peut-être pas hors de propos non plus de signaler que la science, de son côté, piétine. Alors que tout le monde répète que le genre de ces mots est arbitraire, Bescherelle se laisse aller à une douce rêverie au début du Second Empire [en 1852] : “Il serait assez curieux de rechercher si les noms masculins ont été donnés par les femmes, et les noms féminins par les hommes, aux choses qui servent plus particulièrement aux usages de chaque sexe, et si les premiers ont été faits du genre masculin parce qu’ils présentaient des caractères de force et de puissance, et les seconds du genre féminin parce qu’ils offraient des caractères de grâces et d’agréments“. ».
A LIRE : Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française, d’Eliane Viennot, éditions iXe.
NOTES
(1) «Le terme continue ensuite d’être taxé d’incorrection et condamné au profit du masculin, ce qui prouve qu’il reste couramment utilisé. En 1752, par exemple, le Dictionnaire de Trévoux donne cette définition : “Autrice. Substantif féminin. Mot que l’usage n’admet pas, pour signifier celle qui a composé un ouvrage d’esprit. J’avais déjà lu plus d’une fois, Madamoiselle, la lettre sur les bons mots, insérée dans le Mercure du mois d’avril dernier, lorsque Madame la Marquise de la S.** me dit que vous en êtes l’autrice (Mercure, juin 1726). Il fallait dire l’auteur, suivant le bon usage et la décision de l’Académie française“.» (Source : Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !, d’Eliane Viennot).
(2) Le Guide d’aide à la féminisation des noms, donne la liste suivante des métiers soumis à l’impôt, d’après le Livre de la Taille de 1296-1297 : « aiguilliere, archiere, blaetiere, blastiere, bouchere, boursiere, boutonniere, brouderesse, cervoisiere, chambriere, chandeliere, chanevaciere, chapeliere, coffriere, cordiere, cordoaniere, courtepointiere, couturiere, crespiniere, cuilliere, cuisiniere, escueliere, estuveresse, estuviere, feronne, foaciere, fourniere, from(m)agiere, fusicienne, gasteliere, heaulmiere, la(i)niere, lavandiere, liniere, mairesse, marchande, mareschale, merciere, oublaiere, ouvriere, pevriere, portiere, potiere, poulailliere, prevoste, tainturiere, tapiciere, taverniere… » (Idem).
ILLUSTRATION : Frédéric Fontenoy, photographe français, éminent défenseur de la «correction», dans tous les sens du terme.
jeudi 21 mai 2015
Assemblée Générale jeudi 28 mai à 18h30 - suivie d'une projection-débat à partir de 20h (entrée libre)
Le collectif HF Nord - Pas de Calais a le plaisir
de vous inviter son Assemblée Générale, qui aura lieu le jeudi 28 mai prochain à 18h30 au cinéma
le Méliès à Villeneuve d'Ascq.
Cette
réunion publique sera suivie d'une projection-débat à partir de 20h (entrée
libre) :
Conférence
"Workshop sur le cinéma et les femmes" animé par
Sonia Jossifort (responsable du pôle audiovisuel à HF Ile-de-France)
Cette conférence mettra l’accent sur l’histoire des femmes au cinéma comme réalisatrices, mais également sur la représentation des femmes à l'écran dans le cinéma français dit « grand public » à travers quelques exemples significatifs de l’année 2012. En 2012, seulement 22% des réalisateurs de longs métrages de cinéma en France étaient des femmes, (Etude CNC- mars 2014). Ce chiffre a tendance à augmenter, puisqu’elles étaient 18,4% en 2008 et à peine 3% en 1969. Un seul Oscar a été décerné à une femme à Hollywood en 83 ans, Démineurs en 2010, réalisé par Kathryn Bigelow.
Cette conférence mettra l’accent sur l’histoire des femmes au cinéma comme réalisatrices, mais également sur la représentation des femmes à l'écran dans le cinéma français dit « grand public » à travers quelques exemples significatifs de l’année 2012. En 2012, seulement 22% des réalisateurs de longs métrages de cinéma en France étaient des femmes, (Etude CNC- mars 2014). Ce chiffre a tendance à augmenter, puisqu’elles étaient 18,4% en 2008 et à peine 3% en 1969. Un seul Oscar a été décerné à une femme à Hollywood en 83 ans, Démineurs en 2010, réalisé par Kathryn Bigelow.
Conférence suivie de la projection du film "Le deuxième cinéma - de Beauvoir à Bigelow", de Jonathan Broda, 2010, 55'
Avec : Solveig Anspach, Laurence Ferreira-Barbosa, Agnès Godard, Maïwenn, Tonie Marshall, Maria de Medeiros, Margaret Menegoz, Agnès Varda
Ce documentaire présente une autre histoire du cinéma, qui prend en compte les problématiques du genre, du statut des femmes, et de la lutte pour l’égalité entre les sexes. Nous rencontrons celles qui sont le cinéma d’aujourd’hui, qu’elles soient réalisatrices, scénaristes, actrices, directrices photo ou encore productrices
Au plaisir de vous y voir nombreuses et nombreux!
mercredi 15 avril 2015
Newsletter mai 2015 !
Si vous ne recevez pas notre newsletter, la voici !
Surtout n'hésitez pas à nous communiquer votre adresse mail à hf.npdc@gmail.com pour la prochaine saison !
dimanche 5 avril 2015
Bulletin d'adhésion 2015 !
Il est tout beau et tout neuf, c'est le bulletin d'adhésion 2015 !
N'hésitez pas à l'imprimer pour nous rejoindre !
dimanche 29 mars 2015
Troisième rapport de l'Observatoire de l’égalité hommes-femmes dans la culture et la communication. mars 2015
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Ressources/Rapports/Observatoire-2015-de-l-egalite-entre-femmes-et-hommes-dans-la-culture-et-la-communication
Cliquez sur le lien et vous pouvez découvrir le nouveau rapport de l'égalité hommes-femmes du ministère !
Cliquez sur le lien et vous pouvez découvrir le nouveau rapport de l'égalité hommes-femmes du ministère !
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